CRESS Basse-Normandie (Chambre Régionale de l'Economie Sociale et Solidaire)
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Union Sportive du Pays de Falaise

Les vertus de la mutualisation

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La vie des associations sportives en milieu rural est souvent chaotique. Dans le Pays de Falaise, certains clubs étaient encore récemment en limite d’étouffement. Disparaître ou s’unir, il n’existait pas d’autres alternatives. C’est ainsi qu’est née l’Union Sportive du Pays de Falaise, un regroupement de 50 associations qui repose sur un modèle de coopération original.

 

 

Difficultés de financement, érosion des licenciés, concurrence entre clubs, méconnaissance du droit du travail…

Jean-Pierre Pican dresse un portrait sombre de la vie associative dans la région de Falaise. Mais cela, c’était avant 2002 et la création de l’Union Sportive du Pays de Falaise (USPF). Cette structure associative, qui regroupe aujourd’hui une cinquantaine d’associations sportives, a été fondée pour consolider la situation des clubs mais avec une finalité précise : permettre de maintenir la pratique de sport en milieu rural et même la développer quand c’est possible. Avec une baisse généralisée des subventions communales, l’objectif était une gageure. Aujourd’hui pourtant, les résultats sont là : en l’espace de 10 ans, le nombre d’adhérents sportifs est passé de 3200 à 4500 !

Ce regroupement de 50 associations sous la même bannière ressemble à une sorte de société sportive dans laquelle chaque membre conserve son autonomie administrative et financière. « C’était un préalable, rappelle son président, même si un commissaire aux comptes valide aujourd’hui toutes les comptabilités. Jean-Pierre Pican poursuit : « Le but de l’USPF, c’est de trouver des financements qui n’existaient pas auparavant et de les pérenniser. Nous nous sommes adressés à la Communauté de Communes du Pays de Falaise qui nous garantit une aide de 235 000 € par an. »

Malgré l’importance de son apport financier, la CDC du Pays de Falaise n’a pas pris la compétence sportive. Les communes conservent la gestion des stades et des équipements. « Si la CDC du Pays de Falaise a accepté notre projet, c’est parce qu’il contenait un volet formation. Nous portons 70 à 80 formations professionnelles par an. Grâce à cette aide à la professionnalisation des salariés, d’anciens pratiquants ont passé des brevets d’éducateur. Certains sont ainsi devenus des professionnels du sport. »

 

La mutualisation au cœur du projet

 

Pour assurer le maintien du sport en milieu rural, la structure de USPF a permis de mutualiser des postes. « Certains clubs disposaient d’éducateurs à temps complet mais ils n’utilisaient pas la totalité de leur temps de travail. Nous avions aussi constaté que certaines communes n’occupaient pas leurs cours de tennis. Nous avons donc mis en place des animations avec ces éducateurs sur le temps scolaire et le temps de vacances. Cette expérience a débouché sur la création d’un club de tennis à Pont-d’Ouilly. »

L’USPF a également passé ce type de conventions avec d’autres clubs pour compléter le temps de travail des animateurs. C’est ainsi que huit emplois-tremplins ont déjà été pérennisés. Les animateurs sont restés salariés des clubs mais l’USPF aide à les financer. Chaque année, 70 000 € sont ainsi consacrés à la professionnalisation et aux sports en milieu rural.

La mutualisation sert aussi le fonctionnement interne de l’USPF. Les clubs qui ont des salariés (comptables, secrétaires…) ont passé des conventions avec l’association pour mettre à sa disposition du temps de travail utilisable : une autre manière de consolider les postes administratifs.

 

Un rôle fédérateur

 

Pour Jean-Pierre Verhoest, trésorier de l’USPF, « il est certain que les clubs ont été nombreux à adhérer car la structure représente une garantie de financement de leurs activités sur le long terme. Pour 1,50 € d’adhésion annuelle par licencié, l’USPF verse 25 € ».

Mais l’USPF n’est pas seulement le « trésorier payeur » de la Communauté de Communes rappelle Jean-Pierre Pican. L’association est un modérateur de tensions. Les clubs ne rivalisent plus entre eux pour obtenir des subventions. Ils n’hésitent plus à recruter leurs adhérents hors commune car ils savent que la Communauté de Communes les financera en fonction du nombre d’adhérents.

Prochaine étape ? La création d’un poste mutualisé sur cinq clubs. « Ce sera un animateur titulaire d’un brevet d’éducateur sportif pour tous. Nous aurons alors notre premier emploi « multicarte » vraiment transversal. »