Compagnie Akselere

Un accompagnement pour se professionnaliser

Fondée en 1999, Akselere est une association loi de 1901 installée en Normandie depuis 2007. La qualité de son travail artistique lui a valu une reconnaissance internationale. Mais afin de consolider ce succès, la compagnie a souhaité se structurer davantage. Pour réussir ce changement d’échelle, elle a fait appel à l’association Le Marchepied. Portrait croisé…

Saint-Lô, Dives-sur-Mer, l’Angleterre, Jérusalem… Pour les mois à venir, le planning de la compagnie Akselere ne connaît pas de frontières. Ses spectacles de marionnettes, ses théâtres d’ombres et d’objets étonnent à chaque représentation par leur étrangeté et leur fantaisie. Les créations de la compagnie sont signées par Colette Garrigan, mais l’association exerce aussi une activité de diffusion. « En 2006, nous avons connu une explosion artistique avec une reconnaissance sur la scène internationale, se souvient-elle. Cela nous a obligés à grandir. Nous ne voulions pas d’un succès éphémère. Pour prendre de l’envergure, il fallait passer d’une gestion informelle à une organisation beaucoup plus structurée. »

Avec Sophie Portier-Ruys, présidente de l’association, Colette Garrigan se tourne alors vers Le Marchepied, une structure associative spécialisée dans le conseil et l’accompagnement de projets artistiques et culturels. Prestataire DLA depuis 2000, le Marchepied est une structure sans équivalent dans le Grand Ouest. Formation, formalisation de projets, construction budgétaire, identification des partenaires… Le Marchepied propose tous ces services mais également des conseils pour soutenir les associations dans leur fonction d’employeur. « C’est une demande de plus en plus courante, explique Mélanie Soufflet, sa fondatrice et directrice. Nous intervenons sur de nombreux aspects techniques (juridique, budgétaire, fiscal, social…) qui peuvent devenir des freins à la création. »

Un état des lieux préliminaire

Entre les deux associations, l’étroite relation s’est d’abord construite autour d’un état des lieux. Quels sont les besoins de la compagnie, quels sont les partenaires possibles pour consolider son projet, quelles démarches faut-il entreprendre ? « Sans ce travail, par lequel nous avons redéfini les rôles de chacun, nous n’aurions pas pu grandir, estime Colette Garrigan. C’est de cette manière que nous allons pérenniser le contrat aidé de notre chargée de développement. Avec l’appui du Marchepied, nous avons pris le temps d’accompagner la salariée qui arrivait à son poste. »

Pour Elise Jamet, chargée de mission au Marchepied, l’accompagnement à la fonction d’employeur est souvent la clé de la réussite du projet associatif. « L’impréparation des nouveaux employeurs peut être source de conflit. Il faut éviter que cela parte dans tous les sens. Les attentes du salarié et celles de l’employeur ne sont pas les mêmes, le droit du travail est souvent ignoré ou mal connu. »

Au delà du cadre légal, il y a aussi un aspect plus psychologique à prendre en compte, explique Colette Garrigan : « Les gens que l’on embauche prennent le relais des directeurs artistiques. Il n’est pas simple de déléguer car nous n’avons pas eu le même parcours. Cela oblige à être bienveillant, il faut prendre du temps pour construire. Il ne s’agit pas simplement de pérenniser un poste. Il faut aussi pérenniser la relation de travail. »

Aujourd’hui, Akselere et le Marchepied ont maintenu des rendez-vous réguliers : l’appui peut concerner l’aspect budgétaire, les ressources disponibles pour les prochaines créations, mais aussi des aspects plus « domestiques », comme la rationalisation de l’informatique ou le classement des documents administratifs dans les armoires. Un regard intrusif ? Mélanie Soufflet précise : « C’est ce qui révèle souvent un problème d’organisation au sein de l’association. Mais c’est vrai, l’accompagnement n’est efficace que si la structure est prête à opérer des changements. On ne vient pas poser des pansements, on n’oblige pas, on accompagne. Nous n’appliquons pas une méthode-type, mais nous fabriquons des outils propres à chaque structure. Notre intervention repose sur la prise d’autonomie. Notre objectif, c’est que la durée nécessaire de notre mission soit la plus courte possible. »

Ainsi va la vie au Marchepied. La structure évolue et se recompose avec les associations accompagnées. Ses salariés bougent aussi au gré des formations internes, des échanges de compétences, des nouvelles problématiques. « On est interchangeables et complémentaires ».

Pour Colette Garrigan, une prochaine étape se profile : « On milite pour une économie durable et solidaire. On s’intéresse aux groupements d’employeurs. Cela permettrait de nous projeter sur le long terme. C’est important pour développer de nouvelles créations. »