CRESS Basse-Normandie (Chambre Régionale de l'Economie Sociale et Solidaire)
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L’Îlot des échanges

On en voit des choses derrière une boîte de petits pois !

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Véronique Pinabel, Présidente de l’Ilôt des échanges

 

L’Îlot des échanges, épicerie solidaire à Cherbourg, n’est pas seulement l’unique commerce du quartier du Maupas. Il est aussi, comme le décrit Véronique Pinabel, présidente de l’association, un vrai petit laboratoire social. Comme toute organisation, l’Îlot a dû apprendre à mieux communiquer…

 

 

La porte est grande ouverte sur la rue. Assis sur le muret d’en face, quelques habitués grillent une cigarette entre deux gorgées de café. L’Îlot des échanges se confond tellement avec le quartier qu’il en est devenu le coeur battant. A l’intérieur, des rayonnages de conserves, des surgelés, des produits courants mais aussi de grands paniers de légumes frais en direct des producteurs. Le lieu n’a rien d’une superette car l’espace est surtout occupé par une grande table où chacun prend place pour le petit noir du matin et pour refaire le monde. « Cette table a un pouvoir formidable : elle a réconcilié des voisines qui ne se parlaient plus depuis des années, elle libère la parole, elle fédère et fait naître des projets… J’ai prévenu le préfet lors de sa visite : tant que vous restez debout, vous êtes le représentant de l’Etat, si vous vous asseyez avec nous, vous devenez l’égal des habitants du quartier », explique Véronique Pinabel.

 

La mauvaise réputation

 

Il y a une trentaine d’années, le Maupas avait la réputation d’un quartier malfamé, jeune et bouillant. Cette image lui colle encore à la peau et pourtant elle n’est plus d’actualité. La population a beaucoup vieilli et la création d’un nouveau quartier, dans le bas de la ville, a créé un déséquilibre. « Les commerçants sont descendus à la Brèche du Bois, et les habitants se sont sentis dépossédés. De plus, ils se sont retrouvés isolés par une route qui a créé une énorme fracture ». Pour corriger cette situation, la Ville de Cherbourg a eu le projet d’implanter une bibliothèque de quartier. Véronique Pinabel se souvient :  » Avec une vingtaine de personnes, nous avons réfléchi à notre situation. Nous avons organisé une enquête auprès de la population pour savoir ce qui lui manquait vraiment ? Il est apparu que ce n’était pas de livres dont les grand-mères avaient besoin, mais d’un petit commerce de proximité. « 

Faire les commandes, tenir la caisse, servir les clients, l’association a de fait une responsabilité d’épicier. Mais le projet est plus ambitieux. « Nous ne sommes pas un centre social, prévient Véronique Pinabel. Nous sommes un catalyseur d’énergie pour renouer des liens et animer le quartier. Sorties au théâtre, construction d’un Ranch pour les Jeux équestres, rencontres des producteurs de légumes, bientôt création de jardins au pied des immeubles : les activités sont multiples. Et la nécessité d’informer plus efficacement la population s’est fait ressentir.

 

Le téléphone arabe…

 

 

« Cela fait plus de 10 ans que nous faisons de l’économie sociale et solidaire dans le quartier et il y a encore des gens qui l’ignorent et que nous ne touchons pas. Ce constat nous a poussés à revoir nos outils de communication », relate Véronique Pinabel.

Dans ce quartier où les gens lisent peu, le moyen le plus efficace est encore la parole portée dans les immeubles. Le bon vieux téléphone arabe !  » Nous choisissons deux ou trois personnes connues comme les plus bavardes du quartier. Nous leur délivrons le message. Dans le quart d’heure qui suit, tout le quartier est arrosé de l’info. » Ce système empirique ne fonctionne que si le message est très simple. Dès qu’il demande plus d’élaboration, la déperdition ou la déformation du propos peut tourner à la cacophonie. Même limite pour les affiches. « Les habitants les regardaient distraitement mais ne mémorisaient pas l’info… »

 

…. et les flyers malins

 

L’association a donc demandé l’intervention du DLA pour améliorer ses outils. « Un prestataire est venu travailler avec nous sur des cas concrets, notamment pour la création de flyers. Nous avons appris la concision, l’organisation du message. Nous voulions renforcer les vertus de la parole par un support visuel. Notre stratégie est désormais de coupler les deux en jouant de certaines astuces de communication. Nous alertons les gens par le support et nous les invitons à venir chercher à l’Îlot le complément d’information. «  Tout l’art du teasing…

« Ce travail avec le DLA n’a duré que quelques mois, mais il nous a ouvert l’esprit. Il fallait un regard extérieur. «  Aujourd’hui, le bénéfice d’un flyer bien écrit permet aussi à l’association de gagner en visibilité à l’extérieur du quartier. « L’économie sociale et solidaire, c’est un réseau. Nous sommes sollicités par d’autres associations émergentes pour apporter notre témoignage. Notre expérience peut leur éviter d’aller droit dans le mur. Nos supports se doivent d’être clairs et construits. Y compris pour nos financeurs. Autrefois, nous défendions nos projets avec la ferveur de la parole. Aujourd’hui cette ferveur, nous savons la mettre en forme dans nos écrits… »

 

 

L’Ilôt des échanges
24 avenue Henry Poincaré
50100 Cherbourg-Octeville
02 33 20 51 96
lilotdesechanges@orange.fr