CRESS Basse-Normandie (Chambre Régionale de l'Economie Sociale et Solidaire)
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NOS HÉROS DU QUOTIDIEN Portrait#4 : Nathalie Sarge, directrice de l’ESAT ACAÏS

FICHE D’IDENTITÉ

NOM, Prénom : SARGE Nathalie
STRUCTURE : ESAT ACAIS
FORME JURIDIQUE : Etablissement médico-social sous gestion de l’ACAIS
SECTEUR D’ACTIVITE : travail protégé
TERRITOIRE D’INTERVENTION : Communauté d’agglomération du Cotentin
COORDONNEES : 02 33 88 11 65
1 rue Michel Petrucciani 50470 La Glacerie

Pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Nathalie SARGE, je suis directrice de l’ESAT ACAIS depuis 2013.

Après un master de biologie, j’ai travaillé un an dans le secteur de la recherche puis cinq ans dans l’enseignement maritime. Attirée par l’entreprenariat et la ruralité, je me suis investie pendant une dizaine d’année dans l’élevage caprin.

Je suis arrivée par hasard dans le secteur du handicap. J’ai démarré comme adjointe de direction en ESAT, c’était en 2004…  Et je dois dire que je n’ai pas vu les années passer ! Démarche qualité, développement commercial, management des équipes, pilotage de l’action médico-sociale, conduite du projet d’établissement, gestion administrative et budgétaire … sont mes réalités de terrain depuis 16 ans.

Pouvez-vous présenter votre structure ?

L’ESAT est un établissement et services d’aide par le travail géré par l’association en Cotentin d’accompagnement inclusif et solidaire (ACAIS) situé à la Glacerie sur la communauté d’agglomération du Cotentin.

L’ESAT accueille 210 personnes en situation de handicap mental (déficience intellectuelle, handicap psychique, déficience sensorielle) dans le cadre du travail adapté.

Notre mission est d’insérer des personnes par l’activité économique. Ainsi, les métiers développés au sein de l’ESAT répondent aux demandes et exigences du marché, dans le respect des valeurs déclinées dans notre projet associatif.

L’ESAT ACAIS propose ainsi différentes activités de production (menuiserie, couture, entretien des locaux, broderie industrielle, impression numérique, sous-traitance industrielle, espaces verts…) ainsi que des activités socio-éducatives dont la formation professionnelle.

L’ESAT est un établissement à la croisée des chemins : il a une utilité sociale et se doit d’être performant économiquement.

Pour plus de renseignement : https://www.facebook.com/ESAT-ACAIS-La-Glacerie/

Pouvez-vous nous parler de votre engagement en tant que bénévole ou salarié dans une structure de l’économie sociale et solidaire ?

Les objectifs qui guident mon action sont multiples.

Ma motivation première est de promouvoir l’inclusion sociale des personnes en situation de handicap.

C’est aussi de mettre en place des actions de développement économique en m’appuyant sur les savoir-faire locaux.

C’est en outre de contribuer au développement des territoires grâce aux partenariats et à un réseau d’acteurs impliqués.

Enfin, il me parait essentiel de ne pas oublier notre responsabilité sociétale et environnementale en apportant notre petite pierre à la préservation et au respect du vivant.

Comment vivez-vous cette crise au sein de votre structure ?

Nous avons vécu une période inédite, qui n’est pas encore terminée.

Le premier confinement a été brutal car inattendu et rapide. Cette période nous a beaucoup mobilisés.

Au sein de notre association, nous avons mis en place dès le début une cellule de crise COVID aidant à la mise en place du plan de continuité des activités pour l’ensemble de nos établissements.

Nous avons dû réorganiser et renforcer notre accompagnement médico-social notamment psychologique, protéger les plus fragiles, manager nos équipes à distance, rassurer nos clients et nos fournisseurs.

L’engagement des professionnels est à souligner sur cette période : chacun s’est adapté, a fait au mieux ; certaines personnes se sont révélées dans cette période d’urgence sanitaire. Une mobilisation exacerbée probablement liée aux valeurs partagées qui nous animent.

Je pense que l’on peut parler d’élan de solidarité de manière générale en pointant notamment :

  • Une mobilisation inter associative réelle et positive sur le Cotentin (Cf. signature d’un accord de coopération entre opérateurs associatifs du médico-social) ;
  • Des dons (alimentaire et équipements de protection) de certaines entreprises et, des propositions d’aide de bénévoles à souligner ;
  • Des messages de soutien de voisins, des messages de remerciement de familles et d’usagers et, surtout le soutien sans faille des autres structures du secteur médico-social et plus particulièrement du secteur du travail protégé (les ESAT).
  • Des fonctions support indispensables au sein de nos organisations : RRH, responsable qualité, direction transverse à la santé, directeur financier qui sont en soutien des cadres dirigeants (un soutien efficace et précieux !) et indispensables pour consolider nos organisations.

Le second confinement est moins sévère, moins brutal et malheureusement pressenti. Nous sommes plus sereins et avons appris du premier confinement. Cette période est néanmoins pesante moralement et destructeur d’emplois pour les petits commerçants.

Actions mises en place pendant la crise au sein de votre structure :

Lors du premier confinement, l’ESAT a dû fermer ses activités. Les travailleurs handicapés ont été contraints de rester chez eux, leur rémunération a pu être maintenue grâce à l’aide de l’Etat. Du côté des professionnels, le télétravail a été mis en place ainsi que des possibilités de détachement sur d’autres établissements médico-sociaux pour les professionnels éducatifs notamment. Certains professionnels se sont également proposés comme volontaires pour travailler en unité COVID alors qu’ils ne sont pas soignants. Certains professionnels ont aussi assuré la production de masques en tissu au sein de l’atelier couture de l’ESAT, masques en tissu à destination de l’ensemble des salariés de l’ACAIS (environ 400 personnes). Nous avons maintenu l’accompagnement des travailleurs handicapés en distantiel principalement par téléphone ou par courrier. Nous avons dû adapter nos écrits en facile à lire et à comprendre (FALC), certains usagers n’ayant pas accès à la lecture.

Message que vous voulez faire passer :

En cette période troublée par l’épidémie de COVID, nous pensons bien sûr à préserver notre santé et celle des plus vulnérables que nous accompagnons dans nos structures.

Néanmoins, gardons à l’esprit les enjeux institutionnels et de société d’aujourd’hui et de demain !

Je pense notamment à la transition sociale et écologique, enjeux majeur qui gagne toutes les catégories de population y compris les personnes vulnérables et la jeune génération.
Les candidats aux élections municipales étaient d’ailleurs plus nombreux que jamais à revendiquer des promesses écologiques et sociales.
Je suis convaincue qu’une partie des solutions se trouve à l’échelle locale.

Néanmoins, à mon niveau de directrice d’ESAT (engagée dans une politique de développement durable depuis 2006 auprès de personnes vulnérables), je me questionne sur le monde d’après car il est (grand) temps de ne pas reprendre comme avant.

Mais,
Comment mieux prendre en compte ces enjeux au sein de nos institutions ?

Si l’intention de déclaration est à saluer, quelles sont les mesures vraiment opérationnelles et efficaces pour répondre à la crise sociale, environnementale et démocratique ?

La responsabilité sociétale est un enjeu stratégique d’actualité différenciant et créateur de valeurs, comment aider les entreprises, les associations et les collectivités à s’adapter aux attentes liées à la RSE ?
Comment mobiliser tous les acteurs d’un territoire en faveur d’une même transition et comment élargir le champ de l’acceptabilité sociale?
Pour aller au-delà de la politique d’inclusion des personnes en situation de handicap portée par Sophie CLUZEL, notre secrétaire d’Etat, sommes-nous prêts à (re)naturer nos institutions et ainsi proposer des réponses transdisciplinaires donc innovantes en faveur d’une condition plus large, celle des autres vivants ?

Je reste persuadée qu’en repensant les liens à l’autre (humains comme non humains) et les liens aux territoires, la société se portera mieux (ou un peu mieux).