L’emploi de demain dans l’aide à domicile n’est pas assuré

Un rapport de la DARES sur les services à la personne en 2013 est assez inquiétant. Il constate une diminution de 3,5 % d’emploi dans l’aide à domicile associative. Cela n’étonne pas les fédérations, qui se demandent comment vont-elles faire pour atteindre les prospectives de France stratégie qui donne le secteur comme porteur d’emploi…

La Direction de l’animation, de la recherche, des études et des statistiques (DARES) dresse un état des lieux plus ou moins sombre selon que l’on se place du coté des structures lucratives ou non. Globalement, l’activité des services à la personne a reculé de 3,5 %. Les raisons sont attribuées à un « fort repli des heures rémunérées par les particuliers employeurs (-5,8 %) », (les questions fiscales ne sont pas étrangères d’ailleurs à cette chute), « tandis que l’activité des organismes prestataires, qui progressait régulièrement ces dernières années, marque le pas ».

Des situations bien sombres

Pour les fédérations associatives, ce n’est pas nouveau, “cette juste analyse” ne surprend pas Hugues Vidor, directeur d’Adessadomicile. “Et je remercie la DARES de rendre compte de notre situation”. Yves Vérollet, directeur de l’UNA rappelle lui aussi, dans une note, que « la branche vit un moment difficile ». On sait que depuis deux ans, environ 10 000 emplois ont disparu et ces difficultés ont été à l’origine de demandes du secteur d’un fonds de restructuration. Un souhait qui a mis longtemps a être entendu par les pouvoirs publics, mais qui a pu donner lui donner un peu d’air. Avec cette réserve qu’en 2015, rien de tel n’est prévu dans l’attente de la loi sur l’adaptation de la société au vieillissement !

Pas logés à la même enseigne

L’analyse de la DARES va plus loin : tous les organismes prestataires ne sont pas logés à la même enseigne, les structures privées lucratives continuent leur progression. Leur nombre d’heures d’intervention à domicile croît fortement, + 8, 3 % et leurs effectifs sont en hausse de 11, 8 % », tandis que « l’activité et l’emploi des associations et des organismes publics prestataires diminuent encore ». Pour l’UNA, si le CICE (Crédit d’impôt compétivité et emploi) » était aussi destiné aux associations, la situation ne serait pas aussi grave, alors que Hugues Vidor tempête contre un CICE qui favorise le privé lucratif, alors qui favorise le privé lucratif alors qu’il n’a pas les mêmes obligations et les mêmes missions que l’aide à domicile associative en faveur des publics fragiles ».

Il faut réorienter la politique publique

Au vu de ces difficultés incessantes, les perspectives que l’on peut lire dans le rapport de France stratégie-DARES, publié en février, apparaissent presque comme fantaisistes, puisqu’il est prévu que d’ici dix ans la création nette de 350 000 emplois, et de 160 000 postes d’ici 2022 dans les métiers du soin. Les aides à domicile, aides soignants et infirmiers en seraient les grands gagnants.

Pour l’UNA, « l’exercice de France stratégie doit servir à anticiper pour agir. Les pouvoirs publics sont devant un choix clair, soit ils poursuivent la politique actuelle qui provoque au mieux la stagnation, au pire le recul dans un secteur où les besoins sociaux sont énormes ». Pour Hugues Vidor d Adessadomicile, « il est impératif que les politiques publiques financent la solidarité nationale. Seule solution pour un avenir d’emplois de qualité et pérennes dans les associations du soin ».

Le gouvernement a commencé à apporter un mini début de réponse en débloquant 25 millions d’euros pour un rattrapage de revalorisation de salaire conforme à l’accord salarial de 2014. Et travaille avec les associations à l’élaboration de la loi sur l’adaptation de la société au vieillissement, qui apportera des réponses. Manifestement, pour l’heure, elles sont estimées insuffisantes. On est loin des prospectives de France stratégie !

Plus d’information en téléchargeant la note d’analyse de la DARES  ; et sur le site de France Stratégie : http://www.strategie.gouv.fr

Source : Fil CIDES – 28/05/15