La Fnars s’inquiète du désengagement des départements en matière d’hébergement

La Fnars et le Collectif des associations unies – qui regroupe 34 organisations luttant contre l’exclusion et pour l’accès au logement – viennent d’adresser une lettre ouverte à Frédéric Bierry, le président (Les Républicains) du conseil départemental du Bas-Rhin, pour protester contre la « décision de désengager le département du financement de l’hébergement et de l’accompagnement des personnes et familles sans‐abri dans le Bas-Rhin ». Au-delà du cas du Bas-Rhin, la Fnars estime que « ces évènements traduisent une tentation de certaines collectivités locales de se désengager des politiques sociales ».

La Fédération annonce donc qu’elle va lancer une enquête auprès de ses associations régionales et de ses adhérents, afin de « mesurer les désengagements en cours et leurs impacts sur les plus démunis ».

La protestation vise la suppression, annoncée dans le cadre du budget 2016 du département, des 640.000 euros de crédits qui étaient jusqu’alors affectés à l’accueil, l’hébergement et l’accompagnement des personnes sans‐abri ou mal-logées. Pour les signataires, cette décision « aura des conséquences dramatiques pour les plus démunis sur [le] territoire ». Ils estiment aussi « qu’il serait inacceptable que la réduction des dépenses publiques et le bras de fer entre l’Etat et le département se fassent sur le dos des personnes les plus précaires et des associations qui les accompagnent » et rappellent au passage que le Bas-Rhin a longtemps mené une « action volontariste » en faveur des mal-logés.

 

Lettre ouverte de la FNARS :

Paris, le 10 février 2016

Monsieur le Président,

C’est avec colère et consternation que le Collectif des associations unies qui regroupe 34 associations nationales de lutte contre l’exclusion a appris votre décision de désengager le département du financement de l’hébergement et de l’accompagnement des personnes et familles sans‐abri dans le Bas‐Rhin.

La suppression brutale dans le budget départemental des crédits à l’accueil, à l’hébergement et à l’accompagnement des personnes sans‐abri ou mal‐logées, à hauteur de 640 000 euros aura des conséquences dramatiques pour les plus démunis sur votre territoire.

Comme vous le savez, la métropole strasbourgeoise compte régulièrement près de 500 personnes à la rue, sans solution et le 115 du Bas‐Rhin ne répond qu’à une demande d’hébergement sur trois. Alors que les besoins de logements abordables et d’hébergement sont immenses, le désengagement du département, annoncé en plein hiver, entrainera inévitablement des fermetures de places, une réduction des moyens des accueils de jour des sans‐abri, femmes seules ou familles, touchant une dizaine de structures, avec pour conséquence inévitable une augmentation immédiate du nombre de personnes à la rue.

Comment un territoire tel que le Bas‐Rhin, dont l’histoire est marquée par la solidarité à l’égard des plus fragiles, peut‐il s’engager dans une telle voie ? Comment justifier une décision aussi brutale qui aura pour effet d’augmenter la grande précarité et les situations d’errance sur votre territoire ?

Vous évoquez la nécessité de faire des économies en pointant la compétence de l’État en matière d’hébergement et de lutte contre l’exclusion. Le Collectif des associations unies considère qu’il serait inacceptable que la réduction des dépenses publiques et le bras de fer entre l’État et le département se fassent sur le dos des personnes les plus précaires et des associations qui les accompagnent. Ce principe nous semblait acquis dans ce département du Bas‐Rhin dont l’action en faveur des mal‐logés a longtemps été volontariste.

Les associations constatent également que la baisse des subventions touchent des activités relevant clairement de la compétence légale du conseil départemental, tel que l’hébergement de familles avec de jeunes enfants (qui relève de l’aide sociale à l’enfance), l’accompagnement d’allocataires du RSA en grande difficulté ou encore l’accompagnement des ménages dans des logements d’insertion. Plus largement, nous considérons que les personnes mal‐logées n’ont pas à être otages et finalement victimes des désaccords entre l’État et les collectivités locales sur le financement des politiques de solidarité.

Pour ces raisons, le collectif vous demande d’engager une concertation avec l’État et les associations permettant de pérenniser les réponses en matière d’accueil d’hébergement et d’accompagnement des plus démunis dans le Bas‐Rhin.

Nous sommes à votre disposition pour échanger avec vous sur les solutions à déployer afin qu’aucune personne ou famille en difficulté ne soit pénalisée par les choix budgétaires du département.

Nous vous prions de croire, Monsieur le Président, en l’expression de nos sentiments distingués.

Pour le Collectif des associations unies,
Christophe Robert, Délégué général de la Fondation Abbé Pierre
Florent Guéguen, Directeur général de la FNARS (Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale)

Voir également la lettre ouverte de la FNARS Alsace…

Les 34 organisations du Collectif des Associations Unies

Advocacy France – Association des Cités du Secours Catholique – Association Nationale des Compagnons Bâtisseurs – ATD Quart Monde – Aurore – Centre d’action sociale protestant (CASP) – Collectif National Droits de l’Homme Romeurope – Collectif Jeudi noir – Collectif Les Morts de la Rue – Comité des Sans Logis – Croix‐Rouge française – Emmaüs France – Emmaüs Solidarité – Enfants de Don Quichotte – Fédération d’aide à la santé mentale Croix marine – Fédération des Associations et des Acteurs pour la Promotion et l’Insertion par le Logement (FAPIL) – Fédération de l’Entraide Protestante – Fédération Française des Equipes Saint‐Vincent – Fédération Nationale des Associations d’Accueil et de Réinsertion Sociale (FNARS) – FNASAT‐Gens du voyage – Fondation Abbé Pierre – Fondation de l’Armée du Salut – France Terre d’Asile – Habitat et Humanisme – Les petits frères des Pauvres – Ligue des Droits de l’Homme – Médecins du Monde – Secours Catholique – SoliHa – Solidaires pour l’habitat – Union Nationale des Amis et des Familles de Malades Psychiques (UNAFAM) – Union professionnelle du logement accompagné (UNAFO) – Union Nationale des Comités Locaux pour le Logement Autonome des Jeunes (UNCLLAJ) – Union Nationale pour l’Habitat des Jeunes (UNHAJ) – Union Nationale Interfédérale des OEuvres et Organismes Privés Sanitaires et Sociaux (UNIOPSS)