Fonds de formation en panne pour l’IAE et l’ESS

La formation des jeunes en emplois d’avenir et des salariés en insertion est en panne. Que se passe-t-il depuis le début de l’année 2015 pour que les budgets formation soient divisés par deux ou quasi absents, alors que la nouvelle loi sur la formation professionnelle a renforcé l’accès des demandeurs d’emploi à la formation ?

Le manque de moyens pour former les jeunes en emplois d’avenir et des salariés en insertion est patent.

Sébastien Darrigrand, secrétaire général de l’UDES explique et s’en inquiète : « Le montant de la dotation de l’Etat pour la formation professionnelle a été divisé par deux, tout comme l’argent du Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSPP) ». Seulement 10 millions d’euros seront consacrés aux parcours professionnels des jeunes, en 2015, soit la moitié de l’année dernière. En 2014, il y avait eu un appel à projets du FPSPP.

Risque de précarité à l’horizon

Le coût des formations d’un jeune est à 5 500 euros et la prise en charge aujourd’hui de l’Etat et du FPSPP aujourd’hui s’élève à 1 500 euros. « Comment peut-on faire ? », s’alarme le secrétaire général de l’Union ?, qui demande que les employeurs de l’ESS et leurs OPCA soient soutenus pour assurer la formation des jeunes. Or le gouvernement dans la loi de Finances 2015 a programmé 50 000 emplois d’avenir supplémentaires. Sans formation, « les emplois d’avenir seront sources de précarité pour l’emploi de ces jeunes ». Et ce n’est pas l’objectif affiché du programme emplois d’avenir.

Le temps d’adaptation à la loi

Le constat est à peu près similaire de la part du comité national des régies de quartier (CNLRQ) pour les salariés en insertion, embauchés en contrats à durée déterminée d’insertion. « Depuis le début de l’année 2015, les formations sont en diminution, « elles sont plus que divisées par deux », relève Jenny Ekls, chargée de mission formation au CNLRQ.

Les raisons sont diverses : « Il y a d’abord eu le temps d’adaptation à la loi, dont les décrets ont été publiés tardivement. C’est une loi de grande ampleur, qui passe à une logique de branche et qui réduit la contribution légale à la formation à 1 % » (auparavant elle s’élevait à 1, 6 %. NDLR).

Un périmètre réduit

Avec cette contribution, qui était interbranches, les fonds étaient mutualisés et les régies de quartier disposaient de sommes plus importantes qui pouvaient financer des formations pré-qualifiantes. Celles qui sont le plus communément dispensées dans ce secteur. « Notre savoir faire, observe Jenny Ekls, c’est justement d’accompagner les personnes en insertion qui suivent des cursus de base ».

Double problèmes : nouvelle loi et nouveau périmètre, auxquels s’ajoutent la mise en route du compte personnel de formation (CPF). Inscrit dans la loi, il s’avère être d’une « grande complexité pour y être éligible et le décret, paru en avril dernier, offre un cadre assez rigide », indique la chargée de mission formation du CNLRQ.

Former les chômeurs

Le FPSPP doit faire face à de nombreuses priorités, dont les cursus de formation des demandeurs d’emploi, qui sont de plus nombreux. Sans doute une des raisons également de la panne de formation des jeunes en insertion et des emplois d’avenir.

Le Conseil national de l’insertion par l’activité économique (CNIAE) demande que le FPSPP prévoie un fléchage pour les salariés oubliés en insertion. Une réunion avec les pouvoirs publics doit avoir lieu à la fin du mois de juin. L’UDES souhaite de toute urgence que les fonds soient maintenus à la hauteur de 2014.

Source : Fil CIDES-Chorum 18 juin 2015