30 % des salariés de l’ESS à la retraite d’ici 2025

La dernière étude de l’Observatoire national de l’ESS met à plat les prévisions de départ en retraite pour l’ESS à l’horizon 2025 et pose les enjeux. Une analyse qui doit servir aux acteurs et à leurs représentants à anticiper leurs besoins en emploi des dix prochaines années.

L’enjeu est connu de longue date. Le départ à la retraite de la génération des babyboomers modifie profondément – depuis une petite dizaine d’année et jusqu’en 2025 – le profil générationnel et professionnel des salariés de l’ESS. En s’appuyant sur les chiffres 2013 issus notamment de l’Insee, l’étude Départs à la retraite et opportunités d’emplois dans l’économie sociale et solidaire  de l’Observatoire national de l’ESS établit à 30,1 % la part des salariés de l’ESS de plus de cinquante ans.

pyramideagesess250x250-150

Dès lors que l’âge moyen de départ en retraite est de 62 ans (ce qui est aussi l’âge légal pour faire valoir ses droits à la retraite aujourd’hui), ce petit tiers des salariés de l’ESS, soit 714 000 personnes, sera parti à la retraite d’ici 2025. Cette étude vient actualiser et enrichir les connaissances de la thématique, cinq ans après une première étude en publiée 2011.

112000 salariés sur le départ en 2017

L’étude dissèque les chiffres sur les quatre premiers secteurs d’activité en terme de nombre d’emplois et qui seront les plus chamboulés. : action sociale, enseignement, activités financières et d’assurance, santé. L’action sociale, premier employeur de l’ESS, représente aussi « le plus gros potentiel de départs » avec 287000 retraités d’ici 2025. Vient ensuite l’enseignement avec 120 000 départs prévus, puis le secteur des banques et assurances de l’ESS, qui doit s’attendre à 75000 départ et enfin la santé qui devrait connaître 61 000 départs d’ici 2025.

Bien que cette étude ait été conçue comme un outil devant servir à anticiper ce chamboulement, les chiffres les plus spectaculaires concernent le court terme. L’Observatoire national de l’ESS note que d’ici la fin 2017 ce sont 112000 départs à la retraite qui sont programmés, soit près de un salarié sur six de plus de cinquante ans. 40 000 dans les métiers de l’action sociale, 21000 dans l’enseignement, 12 000 dans la santé et 9000 dans les banques et les assurances coopératives ou mutualistes.

Si cela n’est déjà fait, les branches et les entreprises ont donc à se saisir promptement de ces enjeux d’autant que la réponse est loin d’être simple. D’un côté le vieillissement des salariés de l’ESS pose une question de transmission des savoir-faire aux jeunes générations, mais les transformation du travail générées par la révolution numérique complexifie l’évaluation du gap entre le nombre d’emplois libérés par les départs en retraite et celui des emplois effectivement remis sur le marché du travail. L’étude note que certains métiers vont se retrouver particulièrement en tension. Par exemple, 42,9 % des cadres des services administratifs et financiers ont plus de cinquante ans aujourd’hui (21000 salariés). Idem pour le tiers des secrétaires de direction (6000 salariés concernés).

Triple réponse

Cela pose bien sûr l’enjeu de l’adéquation des 70 formations en ESS forment à répondre aux besoins aigus qui se feront sentir sur ces métiers spécifiques. Par ailleurs, un jeune sur deux se dit intéressé aujourd’hui pour travailler dans l’ESS. Mais en pour exercer quel métier et dans quel secteur d’activité ? Dans l’aide à domicile, par exemple, ce sont près de 80 000 salariés qu’il faudra remplacer, sachant que les prévisions de création nette d’emplois sont l’une des plus importantes tous secteurs confondus. Le temps partiel et les salaires peu attractifs sont une réalité dans plusieurs secteurs où l’ESS est très présente. Il faudra donc rendre ces emplois plus attractifs pour assurer le renouvellement et limiter les tensions sur l’emploi.

A côté de la formation et de l’attractivité, la communication constituera, selon l’étude, un troisième axe stratégique pour réussir cette mutation. Une communication pour que l’ESS soit bien identifiée comme « un secteur dynamique et ouvert aux reconversion professionnelles et à la recherche de compétences qui peuvent avoir été acquises ailleurs : gestion administrative… », mais aussi pour révéler les atouts cachés du secteur. L’étude note par exemple qu’il serait bon de « préciser que certains métiers sont mieux rémunérés dans l’ESS dans le reste de l’économie », comme celui de formateur, est-il précisé.

 

Source : Fil CIDES n°145